Yasmine Dahmane, cofondatrice de Bibak, ex-La consigne Greengo, « prendre le leadership sur le marché du réemploi »

Où en est Bibak, ex-La Consigne Greengo ?

En 2018, quand nous avons créé Greengo, nous nous occupions de tout -l’emballage, la logistique, la consigne, le lavage-, le modèle n’était pas viable. Nous avons ensuite verticalisé l’activité autour de notre solution technologique industrielle de réemploi de contenants en restauration. Nous l’avons historiquement mise en oeuvre dans la restauration collective -c’était l'usage le plus simple- ; aujourd’hui, pour satisfaire aux exigences de la loi Agec, nous accompagnons également la restauration rapide. L’entrée de ce segment de la restauration dans la boucle du réemploi, c’est un énorme boost vers la fin du jetable. Mais il faut poursuivre la sensibilisation, l’évangélisation du marché et des consommateurs.

Vous venez de changer de nom, pourquoi ?

D’abord, le référencement n’était pas facile -en cause, la confusion avec l’agence de voyages éthique Greengo, N.D.L.R-, ensuite, nous voulions marquer plus fortement l’engagement sociétal vers le réemploi, d’où Bibak, une abréviation de Bring it back.

Votre nouvelle levée de fonds de 6 M€ devrait vous permettre de favoriser cet engagement sociétal ?

Cette levée de fonds montre surtout la pérennité de notre modèle : en 2018, à la création de notre société, les levées de fonds n’étaient pas forcément liées à la rentabilité des start-up. Depuis la crise, ce n’est plus le cas. Notre ambition, c’est de prendre le leadership en France puis après en Europe.

Comment faites-vous pour avoir un modèle pérenne ?

Nous sommes désormais exclusivement sur la tech. Notre solution repose ainsi sur trois briques : la data, grâce à laquelle on maximise les rotations des contenants réemployables -plus le contenant est premium, donc cher, plus il faut renforcer son utilisation. Sur notre plateforme 360, le restaurateur peut ainsi visualiser l’état de son stock en temps réel, savoir combien de contenants sont en lavage, contrôler le niveau de remboursement des consignes, mesurer son impact environnemental etc. Deuxième brique, les bornes de retour, le premier enjeu consistant  à éduquer le consommateur à bien rendre son emballage, des bornes adaptées à la réalité du terrain, avec une signalétique claire et de l’intelligence.

Qu’entendez-vous par intelligence ?

Les contenants sont dotés de puces RFID ou de QR-codes et les bornes de capteurs, ce qui va permettre de comptabiliser les contenants, de gérer les remboursements ou la gamification.

Et votre troisième pilier ?

C’est de l’ordre de la fintech. On a mis en place une solution de cashback -le consommateur est crédité sur son compte de la consigne sans passer par une appli ou un passage en caisse- et de gamification -il peut gagner des points de fidélité, un café etc…

Imaginons que je sois un restaurateur, comment cela s’organise-t-il ?

Soit nous vous fournissons notre borne en plug and play (les bornes sont made in France), c’est ce que nous faisons en restauration collective, soit nous installons des capteurs dans les vôtres. Pour le choix des emballages, nous avons une dizaine de partenaires en France vers lesquels nous vous aiguillerons en fonction de votre cahier des charges. Quant au lavage, nous vous conseillerons pour voir s’il doit être fait sur place ou externalisé. Aujourd’hui, le lavage externalisé ne représente que 10 % mais pour moi, il devrait progresser pour atteindre 20 à 30 % du marché d’ici à la fin de l’année.

Bibak propose des bornes en plug & play

Pourquoi ?

Parce qu’externaliser le lavage c’est externaliser le risque sanitaire.

En décembre, vous disiez accompagner plusieurs enseignes de restauration rapide dans des pilotes, où en êtes-vous ?

Les pilotes se passent bien et d’ici à trois mois, nous allons passer à la phase de déploiement.

Quels sont vos projets ?

La levée de fonds va nous permettre d’innover pour améliorer encore notre modèle. Outre l’intégration du bilan carbone d’ici à cet été, nous allons travailler à valoriser la data conso que nous collectons, et à permettre aux restaurateurs d’avoir un lien direct avec leurs convives, à pouvoir parler avec eux. Il y a également beaucoup de choses à faire pour nous interfacer avec les systèmes de paiement etc. Ca signifie faire de la R&D, et donc embaucher des talents pour développer des outils tech industrialisables, mais aussi pour commercialiser notre solution. Nous avons une vingtaine de recrutements en cours.

Ca n’est pas trop compliqué de recruter ?

C’est sportif mais nous avons la chance d’être une entreprise à impact : ça répond aux attentes des candidats.

Quels sont vos objectifs à terme ? 

Nous voudrions faire une nouvelle levée de fonds de série B en 2025 parce que nous avons de grosses ambitions en Europe.

Février 2023