Attractif, porteur, le segment l'est aussi en France, peut-être encore plus, parce que sa dynamique est celle du rattrapage.
Selon NPD Group, il représenterait 1 visite sur 7 en Grande-Bretagne, beaucoup moins dans l'Hexagone : « La livraison à domicile ne correspond pas vraiment aux habitudes de comportements, plus favorables à la vente à emporter, observe Nicolas Nouchi, fondateur et dirigeant du cabinet d'études CHD Expert.
Ces dernières décennies, ce segment s'est développé par rebonds autour de produits phares : la pizza, puis les sushis, et, plus récemment, la cuisine ethnique, avec chaque fois des phases de croissance suivies d'essoufflement. C'est sensiblement différent de nos voisins britanniques, ou des États-Unis, où les indépendants comme les chaînes ont depuis longtemps intégré la livraison à leur offre. »
Mais les lignes bougent. Au cours du premier semestre 2015, le leader AlloResto a convaincu 500 restaurants de rejoindre sa plate-forme. Une période durant laquelle il assure avoir enregistré une hausse de ses commandes de 50 à 60 % par rapport à 2014 dans les villes qu'il couvre. Un bond significatif, à la fois de l'intérêt des professionnels pour ce relais d'activité, au moment où beaucoup luttent contre l'érosion de leur fréquentation, mais aussi du changement d'image du circuit auprès des consommateurs.
« Pour glisser vers le soir et gagner de nouveaux clients, la restauration livrée a dû évoluer, souligne Nicolas Nouchi. Il y a une place à prendre, les gens rentrent chez eux fatigués, sans avoir le temps de cuisiner ni l'envie de sortir. Il faut répondre à des attentes fortes sur une offre variée, apportant un plaisir de manger. Cela a pu se faire d'abord au travail sur le temps du déjeuner, où le rétrécissement des pauses et l'évolution des habitudes de prise alimentaire ont fourni un appel d'air aux spécialistes de la livraison. Avec, à la clé, des gammes de produits frais et de saison. Pour basculer vers le soir, il ne restait plus qu'à élargir l'éventail des propositions, travailler qualité et rapidité de service, apporter un supplément de convivialité à l'expérience. Et c'est ce que la vague foodtech, grâce notamment à la puissance de ses outils digitaux, est en train de réussir. »