© Sophie Spireti
Une « petite offre » de restauration qui génère déjà la moitié de l'activité du corner, sur des temps complémentaires de l'activité au sac. Et valide un modèle économique élaboré par le groupe Constructa, agissant pour le compte de la banque JPMorgan, propriétaire des Docks : « On a d'abord benchmarké les halles alimentaires européennes, pour voir ce qui s'y vendait, et ne pas faire l'impasse, par exemple, sur un primeur proposant des jus frais et des soupes, explique Guillaume Tanguy, responsable du projet chez Constructa. Puis on a élaboré une offre condensant des commerces emblématiques, laissant aussi à d'autres preneurs la possibilité de s'intégrer. Le design des stands et leur agencement a été co-construit avec chacun d'eux, afin que l'on ait des espaces esthétiques et fonctionnels. Au final, on a un équipement qui fonctionne économiquement, et où chaque artisan dispose d'une vraie propriété commerciale sur son corner, par un bail signé sur six à dix ans. »
Un dispositif rassurant. Et duplicable ? À bien y regarder, en France, rares encore sont les conditions suffisamment propices pour qu'un opérateur privé supporte, seul, l'économie d'un projet de halle alimentaire. Dans la plupart des cas, les marchés couverts restent dans le domaine public, si bien que leur entretien, la qualité de leurs aménagements, l'adéquation de leur offre avec les attentes, restent du fait des collectivités. Le plus emblématique de tous, les Halles de Lyon Paul-Bocuse, s'inscrit dans ce schéma. Il y a dix ans, la ville a consacré une enveloppe de 6 millions d'euros à sa rénovation, donnant un nouveau souffle et une nouvelle attractivité à ses 48 commerçants, regroupés sur 2 500 m² au coeur du quartier d'affaires de la Part-Dieu. « La gastronomie, l'excellence des produits, sont profondément ancrés dans l'identité lyonnaise, explique Fouziya Bouzerda, adjointe au maire de Lyon, en charge du commerce et de l'artisanat. L'intervention de la ville sur cet équipement était une manière de contribuer à faire rayonner cette identité, mais aussi d'apporter un modèle économique permettant à des indépendants de s'y maintenir. Dix ans après, les résultats parlent d'eux-mêmes : 100 % des emplacements sont occupés ; un million de personnes, touristes et métropolitains, y circulent chaque année ; et l'équipement est financièrement à l'équilibre. »