Décidés à faire entendre leur voix, les salariés des palaces cannois ont manifesté sur la Croisette en plein Festival.
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Sur la Croisette, comme sur l'écran, le Festival de Cannes a encore créé l'événement. L'édition 2004 aura servi son cocktail détonant de stars, d'intermittents et, pour la première fois, de défilés de grévistes. Les salariés des palaces de la Croisette (Carlton, Majestic, Noga-Hilton et Gray d'Albion) ont à leur tour voulu donner un maximum d'écho médiatique à leurs revendications : hausse des salaires (5 %) et création d'emplois « durables ». Ce conflit, soutenu par une large intersyndicale (CGT-CFDT-CFTC-CFE/CGC-FO), est le symptomatique d'un malaise croissant dans la branche.
Certes, les rémunérations et les conditions de travail de ces salariés de grands groupes ne sont pas parmi les plus mauvaises de l'hôtellerie. Que devraient alors revendiquer ceux, surtout des TPE, qui gagnent encore moins et travaillent encore plus ? Mais ces salariés-là, isolés et peu syndiqués, sont moins mobilisables. Car ce mouvement cannois témoigne aussi d'une stratégie syndicale. Les fédérations font monter la pression avant une reprise - inéluctable - des négociations. Et celle de la Fédération des services CFDT appelle à une mobilisation nationale de la profession ce mois-ci. Parmi les actions prévues, un rassemblement à Paris sous les fenêtres de l'Umih...
C'est dire l'état de tension entre les partenaires sociaux. La CFDT, la CGT et la CGC n'ont toujours pas digéré l'annulation de l'accord de 2001 sur la RTT. Par ailleurs, et ce traumatisme n'y est pas étranger, la convention collective de la branche hôtels-cafés-restaurants (HCR) n'a bénéficié d'aucune évolution depuis le 30 avril 1997. Un cas unique dans toute l'hôtellerie-restauration.
Dans ses six autres grands secteurs - restauration collective, rapide, cafétérias et casinos, notamment -, la signature régulière d'avenants a permis d'améliorer les accords de branche. C'est ainsi qu'au fil des ans s'est creusé l'écart entre les minima conventionnels des HCR et ceux des autres branches. Mais il faut admettre la difficulté, pour les partenaires sociaux, de leur négociation sur le fond. Les secteurs représentés (hôtellerie de luxe, cafés parisiens, restauration de chaîne, saisonniers) affichent en effet des situations socio-économiques très hétérogènes. Pas facile, dans ces conditions, de définir des propositions consensuelles chez les patrons, puis de les faire accepter par leurs interlocuteurs.
Malgré tout, la responsabilité de ce statu quo est bien collective. Le patronat de la branche n'a pas une culture de la négociation sociale, déplorent les syndicats ouvriers. Les accords existants sont d'abord conclus à l'échelle des entreprises. Mais la politique de la chaise vide pratiquée par les représentants des salariés, qui ont rompu les négociations en octobre 2003, a sans doute aussi été contre-productive. Elle a permis à l'Umih d'affirmer, par la voix de son président, André Daguin, que « les syndicats de salariés avaient pénalisé 580 000 salariés en les privant de ces avancées ». Faux, rétorquent ces derniers, assurant que « les propositions faites par le patronat à l'automne 2003 étaient inférieures à celles de 2001 ». Cerise sur le gâteau, la promesse d'une TVA à 5,5 %, puis celle d'un plan transitoire d'allégement de charges sociales ont créé bien des frustrations.
« la baisse hypothétique de la TVA a fait monter les enchères »
« La TVA a pollué les négociations », déplore Didier Chenet, président du Synhorcat. « Certains responsables, en ne cessant d'affirmer qu'ils avaient obtenu la baisse de la TVA, ont contribué à faire monter les enchères de la part des syndicats de salariés. Il faut que les négociations se situent dans le contexte réel, social contre social, et non sur des projections hypothétiques de baisse du taux de TVA. Les dispositions définitives seront donc complexes à prendre, dans la mesure où le plan d'allégement est un dispositif provisoire. » Pour le président du Synhorcat, la bonne conduite de ces négociations suppose des garanties sur les projets du gouvernement ainsi qu'un[…]
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