Les vœux de Christine Albanel, ministre de la Culture, auraient pu passer inaperçus pour la profession si elle n'avait proposé l'instauration d'un prélèvement de 2 € par nuitée dans les grands hôtels. Une contribution destinée à financer les travaux de rénovation, de conservation et de mise en valeur du patrimoine. Et qui rapporterait, selon les premiers calculs 50 M€ aux caisses de l'Etat.
La cible : les hôtels de catégorie supérieure, les 4 étoiles. Pour justifier cette mesure, la ministre a précisé que "70 % de la clientèle de ces établissements étaient des étrangers, dont bien souvent la visite est en lien direct avec la patrimoine". Et a ajouté que "2€, c'était la moitié du coût d'un soda prix dans les minibars des chambres".
Différents acteurs réagissent
Le président de l'Umih n'a pas manqué de réagir. "La taxe de séjour est payée par l'hôtellerie et pas par les autres prestataires de services qui bénéficient aussi du tourisme. Les monuments sont visités parce qu'on peut dormir pas trop loin. Toute l'économie en profite. Les ministres de la Culture m'avait habitué à des raisonnements plus structurés. Celui-ci est d'une simplicité enfantine. Les principaux intéressés n'ont même pas été consultés. Espérons que ce soit une idée en l'air dont le propre est de retomber" , a commenté André Daguin.
Affligeant et plat !
La branche Umih 06 par la voix de Michel Tschann, son président a aussi répondu vivement en jugeant le projet d'une platitude et d'une facilité affligeantes en ne manquant pas d'ironiser dans son communiqué : "Pourquoi seuls les 4 * seraient taxés. Est-ce à dire que les clients des autres catégories hôtelières, des résidences et de l'hôtellerie de plein air sont des béotiens ne regardant pas le patrimoine ? Pourquoi ne pas taxer les autocars emmenant les touristes voir un patrimoine, voire la SNCF ou les compagnies aériennes, les éditeurs de cartes postale ? Les touristes paient déjà une taxe de séjour destinée justement à financer des équipements qui leur profitent, mais profitent aussi à tous les citoyens".
Faire payer les salariés
La réaction du Synhorcat ne s'est pas non plus fait attendre et c'est l'incompréhension qui prévaut : « Faire payer les touristes de nos hôtels 4**** et luxe, cela reviendrait en fait à faire payer les salariés de nos entreprises puisque la baisse des marges de ces entreprises se répercutera forcément sur les investissements et les salaires, il est donc impensable de répercuter ce montant sur nos prix de vente. Par contre, pourquoi ne pas augmenter les taxes d'aéroport ou le prix d'entrée des musées et autres sites historiques ? », ont déclaré d'une seule voix Jean-Luc Binet, vice-président du Synhorcat et Didier Le Calvez, président de la Section des Hôtels de Prestige.
Et Didier Chenet, le président du Synhorcat d'ajouter : « Cette annonce montre une fois encore toute l'incohérence dont fait preuve le gouvernement dans le traitement des dossiers touchant à notre secteur d'activités : tant que notre secteur ne bénéficiera pas d'un ministère du Tourisme tel que nous le demandons depuis longtemps, nos dossiers seront traités par bribes sans prendre en considération notre secteur dans sa globalité. Il est fort dommage que le secteur touristique, 2e secteur économique de France soit traité de la sorte ».
A noter toutefois que le secrétaire d'Etat au Tourisme, Luc Chatel, a exprimé mardi son désaccord vis-à-vis de l'idée cette nouvelle taxe sur les nuits en hôtels de luxe. "Au moment où nous voulons attirer une nouvelle clientèle à forte contribution, car si elle ne vient pas en France elle ira ailleurs, je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur message à envoyer", a-t-il déclaré à l'AFP lors de l'inauguration du "Workshop Grand ski", à Chambéry.