Pour Sodexo, 2020 a été marquée par la crise qui a touché toute la restauration collective. Un événement qui a été l'occasion de révéler un formidable esprit de solidarité de ses collaborateurs. La crise a également permis la prise de conscience par tous de l’importance de la restauration collective- notamment scolaire - dans la vie des français et qu’elle est essentielle au bon fonctionnement de la société et de manière plus globale prise de conscience et valorisation des métiers de services.
Quel bilan dresser de l’année 2020 ?
L’année 2020 a été marquée par la crise sanitaire de la Covid-19 en particulier. Il s’agissait pour Sodexo d’assurer la continuité de services pour nos clients tout en assurant la santé et la sécurité de nos collaborateurs et consommateurs.
L’onde de choc de la crise sanitaire mondiale a accéléré le besoin d’adaptation de Sodexo. En effet, la crise a fortement touché l’activité de restauration dans les entreprises, les écoles, les universités, les activités événementielles. Le développement de nouvelles tendances comme le télétravail ou la livraison de repas a été fortement accéléré. Ainsi, nos activités ont été très durement affectées (avec un recul d’environ 3 milliards d’euros du chiffre d’affaires pour le 2nd semestre 2019-2020). Ces nouvelles contraintes auront des effets à long terme qui rendent d’autant plus indispensable notre évolution.
Lors du déconfinement en mai 2020, comment avez-vous procédé pour la remise en marche de l’activité ?
Nous avons lancé un programme en France « Ready to work » un programme pour accompagner le retour des collaborateurs en entreprise en mai qui permet d’aider nos clients dans la révision de leurs procédures d’accueil et de vie au bureau notamment en matière de restauration. Ce dispositif a été créé pour les collaborateurs qui reviendront sur les sites comme pour ceux qui resteront en télétravail. Notre ambition était d’accompagner les entreprises dans le redémarrage de leur activité que ce soit en matière de services de restauration, de facilities management et de maintenance multi-techniques. Nous avons innové en cette période exceptionnelle afin de proposer une offre adaptée aux nouveaux modes de vie des familles et répondre à leurs attentes en matière d’alimentation. C’est ainsi que nous avons lancé « Prêt à Partager », notre premier service de livraison de plats familiaux à domicile disponible sur Uber Eats. Ce service de plats livrés à domicile était disponible durant plusieurs mois à Paris et à Lyon, Asnières-sur-Seine, Gennevilliers, Saint-Ouen et Clichy dès le 22 juin.
Concrètement, dans les différents segments, qu’avez-vous mis en place pour la poursuite de l’activité au quotidien ?
La santé et la sécurité des employés et des consommateurs de Sodexo est notre priorité absolue Sur l’ensemble de ses sites que ce soit en entreprises, dans les hôpitaux et cliniques et dans les établissements médico-sociaux comme les Ehpad, Sodexo a mis en place des mesures exceptionnelles comme l’étalement des horaires de prises de repas pour éviter une trop grande affluence et respecter les distances de sécurité entre les personnes ou encore la mise en place d’un système de vente à emporter pour que les consommateurs puissent déjeuner dans leur bureau quand cela est possible dans les entreprises. De même, Sodexo a constitué des menus spécifiques et simplifiés pour tenir compte de l’organisation sur les sites en entreprise, dans les Ehpad ou dans les hôpitaux. Des mesures adaptées sont également mises en place comme par exemple la suppression des offres alimentaires en vrac (bars à salades, corbeilles de fruits…), la mise en place d’un service individuel du plateau, des couverts, verre et du pain remis par le personnel de restauration équipés de gants ou encore la priorité donnée au paiement par badge et/ou par carte bancaire (suppression de la monnaie) dans les restaurants des entreprises. Nous avons également renforcé les mesures d’hygiène et de sécurité alimentaire en cuisine et dans les parties communes comme par exemple la dotation en blouse jetable (papier) pour un change quotidien pour le personnel dans les Ehpad ou même le nettoyage et désinfection des points de contact toutes les 4 heures sur l’ensemble des sites. Concernant les activités de bionettoyage de Sodexo dans les hôpitaux, nos équipes sont déjà formées à gérer les environnements à fort risque infectieux et nous mettons en place les protocoles necessaires de protection ainsi que des produits en particulier des virucides.
Quid de vos relations avec vos fournisseurs depuis le début de la pandémie ?
Il est essentiel de les aider à faire face à la crise à travers la continuité de notre démarche d’acteur responsable. C’est en apportant l’accompagnement nécessaire afin que nos partenaires puissent faire face à la crise que nous avons pu continuer à assurer nos missions. Nous avons tout particulièrement veillé à sécuriser les délais de paiement de nos fournisseurs en cette période très sensible. Sur le fond, nous sommes restés fidèles aux relations fournisseurs établies dans la durée. Si certains ont pu efficacement rediriger leur flux vers la grande distribution, d’autres au contraire ont vu leurs stocks dangereusement s’accumuler alors que nos cuisines ne pouvaient plus absorber les produits habituellement commandés. Cela nous a amenés à élaborer différents types de solutions innovantes pour les accompagner.
Comment s'est traduit cette solidarité ?
En Ile de France, nous avons développé avec les municipalités d’Antony et de Paris 18ème une offre de paniers solidaires de fruits et légumes pour les familles fragilisées. Cela nous a permis de commercialiser les carottes et pommes de terre bio locales de notre partenaire Sicoop Bio Ile de France qui recherchait des débouchés. Dans le même esprit, pour éviter la perte d’un stock de pommes quand l’activité s’est brutalement arrêtée, nous avons organisé avec Vergers Lyonnais la transformation de leurs pommes en purées de fruits, qui seront utilisées à la reprise. Ces exemples illustrent notre approche d’accompagnement de nos fournisseurs à long terme et de soutien aux filières locales.
Comment gérer les ressources humaines pour assurer le maintien de l’activité ?
C’est une vraie solidarité qui s’est organisée au sein de l’entreprise : nous nous sommes mobilisés pour trouver des alternatives pour les collaborateurs présents sur les sites dont l’activité était réduite voir minimale. En France, nous travaillons depuis 2017 avec Andjaro, une start-up qui nous aide à accompagner la mobilité des collaborateurs au sein des territoires. Dans ce contexte, cette plateforme nous a aidés notamment à la fois à préserver l’emploi, mieux gérer les remplacements en cas de d’absence et garantir la continuité voire le renfort de nos services dans le secteur sanitaire en forte tension. 3 500 managers y ont accès pour y déclarer les besoins en personnel, et en cas d’activité réduite ou de fermetures de sites, les collaborateurs disponibles et volontaires.
Le 27 octobre 2020, vous annoncez un projet de PSE…
Un Plan de Sauvegarde de l’Emploi qui impliquerait la suppression nette de 7% de ses effectifs, soit 2083 postes en majorité dans le segment Services aux Entreprises dans le cadre d’un processus d’information et de consultation de ses représentants du personnel et sur le périmètre de la Restauration Collective.
Afin de mettre en œuvre toutes les mesures de maintien dans l’emploi pour ses collaborateurs et ainsi de limiter l’impact de ses réorganisations, Sodexo a proposé la mise en place d’un reclassement interne anticipé sur la base du volontariat approuvé par les représentants des syndicats lors de discussions le 16 novembre dernier. Le reclassement interne anticipé a débuté en fin d’année 2020 et propose plus de 750 postes en CDI dans toutes les activités du groupe en France.
Quelle leçon tirer de cette situation inédite ?
La crise a été un révélateur de l’importance du rôle social et de la contribution sociétale des métiers de services. Hier invisibles, voire dénigrés, ces métiers « des coulisses » ont été brusquement mis en lumière. Comme si cette crise avait révélé, au sens presque photographique, leur caractère essentiel. A l’heure de la distanciation sociale, ils sont apparus comme les métiers du lien, de nécessaires relais d’empathie notamment à l’égard des plus fragiles, et leur sens s’est imposé avec une évidence qui, hier encore, pouvait nous échapper. Evidente aussi, soudain, la valeur des services qui nous ont manqués, confinement oblige – celui de l’assistante maternelle, du cuisinier du restaurant d’entreprise, de l’agent d’entretien, pourtant rarement croisé puisqu’il opère en dehors des heures de bureau. Des services plus que jamais indispensables à l’heure du déconfinement : sans eux, ni réouverture des écoles, ni reprise du travail sur les sites à l’arrêt. Et pourtant, l’utilité de ces métiers ne date pas d’aujourd’hui. Ils possèdent aussi, et depuis bien avant la crise, une indéniable valeur à la fois économique et sociale. Inclusifs par nature, ils sont, pour nombre d’entre eux, accessibles à des personnes parfois durablement éloignées de l’emploi. Premier employeur de France, les services représentaient avant la crise 80 % des créations d’emplois – qui plus est souvent non délocalisables – et 46 % du PIB, et participent de manière capitale à la croissance.
Propos recueillis en mars 2021