Néohebdo : Vous avez subi en 2002 un sinistre au Royaume-Uni, qui a beaucoup pesé sur vos résultats (1). Dans un groupe de votre taille, avec plus de 315 000 salariés, une présence dans 74 pays, une organisation assez décentralisée, comment arrivez-vous à maîtriser les risques, et quelles nouvelles mesure avez-vous prises?
Jean-Michel Dhenain : Cette décentralisation est l’un des facteurs de la réussite de Sodexho, nous n’allons pas la remettre en cause. Un groupe de notre taille ne peut pas fonctionner sans délégation. Mais décentralisation ne veut pas dire indépendance. Et le renforcement de nos contrôles est aujourd’hui l’un de nos axes prioritaires. Nous avons mené dans ce domaine au cours des derniers mois plusieurs travaux.
La revue et la cartographie des risques du groupe, y compris des engagements, ont été présentées au comité d’audit du groupe. Dans l’ensemble des activités et des zones, nous passons en revue et réactualisons les procédures et les délégations en place. Une attention particulière est portée aux délégations de signatures des clauses contractuelles avec les clients.
La direction générale vient aussi de procéder à une évaluation des risques de change et des variations de taux d’intérêt. Et les résultats de cette étude ont été présentés au comité d’audit.
Nous avons également amélioré notre reporting mensuel avec la mise en place d’indicateurs de performances, financiers et non financiers. Nous sommes en mesure de le faire, grâce aux investissements informatiques récents. Par ailleurs, nous venons de recruter un directeur de l’audit interne, Rick Floore. Le groupe dispose aujourd’hui de plus d’une trentaine d’auditeurs internes.
Enfin, la direction générale a choisi d’examiner et de préciser les missions et le nombre d’heures allouées aux auditeurs externes dans chacune de nos filiales et de centraliser les relations avec les auditeurs.
Propos recueillis par Jean-François Vuillerme
jfvuillerme@neorestauration.com
(1) La baisse de 10 % du résultat d'exploitation de Sodexho sur l'exercice 2001-2002 (clos le 31 août 2002) ainsi que la baisse de sa marge d'exploitation (de 4,9 % à 4,2 %) s'expliquent essentiellement par la forte dégradation des résultats de sa filiale britannique. Celle-ci a vu la marge d'exploitation de ses activités de restauration et de services s'écrouler de 5,9 % à 0,8 %. Et le groupe avait dû passer notamment 32 millions d'euros de pertes sur les actifs de Land Technology (spécialiste dans la gestion des espaces verts).
A lire également dans le prochain numéro de Néorestauration (N° 400/juillet-août 2003) une longue interview de Jean-Michel Dhenain. Le nouveau directeur général délégué de Sodexho Alliance explique en quoi la stratégie de la bataille de la valeur pour le client s'inscrit dans une logique d'évolution des offres du groupe, et comment celle-ci devrait permettre de relancer la croissance interne du groupe, en particulier en France.