Damned ! On ne peut plus faire un pas dans l'univers de la restauration sans subir les attaques lexicales de nos voisins d'outre-Manche. Pensez donc ! Du fast-food au fast-good, les runners servent dans des diners où les customers remplissent leurs guest-comments stockés sur big data, avant d'être invités à mettre un like sur Facebook... Le must : un gift, en l'espèce un verre virtuel offert par un ami radin sur le plus célèbre des réseaux que l'on qualifie de sociaux.
Et notre riche et belle langue dans tout ça ? Imaginez un instant la Mère Brazier traduisant « tablier de sapeur » ou « cervelle de canut » aux touristes venus s'encanailler dans les traboules... Allons, ce n'est pas sérieux. Surtout quand on sait que le verbe « manger » compte 113 synonymes répertoriés par l'Académie française, qu'il existe des centaines de cépages aux noms parfois poétiques (la douce noire, la folle blanche, l'admirable de Courtiller...), et que la gastronomie française compte pas moins de 400 sauces. Les restaurateurs, prompts à défendre la qualité, devraient également se pencher sur l'anglicisation progressive du secteur, afin que les stars ne remplacent pas, un jour, les étoiles.