La filière volaille française demande aux pouvoirs publics de soutenir ses actions pour reconquérir le marché national et répondre aux nouvelles attentes sociétales.
En 2020, dans un contexte de crise sanitaire inédite, les Français ont confirmé leur goût pour les volailles. Sur les 7 premiers mois de l’année, leurs achats ont augmenté de+11%en magasins par rapport à la même période en 20191. D’après les estimations, cette hausse devrait se poursuivre dans les mois à venir et la filière s’attend à une progression de la consommation à domicile de l’ordre de +5,9 % pour l’ensemble de l’année 2020. Cependant, la chute des commandes de la restauration a porté un coup dur à la filière. L’Interprofession s’attend ainsi à une baisse de consommation globale de l’ordre de -1,1 % sur l’ensemble de l’année 20202. En effet, si la filière est caractérisée par la diversité de ses espèces, certaines d’entre elles ont fortement pâti du manque de débouchés en restauration. C’est notamment le cas des canards à rôtir et des pintades, deux volailles très appréciées par les Chefs et aujourd’hui fortement fragilisées. De son côté, la consommation globale de poulets, qui représentent plus de 7 volailles consommées sur 10 en France, devrait se maintenir à +0,1 %2. En magasins, sur les 7 premiers mois2020, leurs ventes ont progressé de + 14,7 % pour la consommation à domicile1. Malgré un repli conjoncturel, les importations restent importantes et la forte baisse du prix du poulet polonais va compliquer la situation. En 2019, près de 45 % des poulets consommés en France venaient de pays étrangers. C’est pourquoi la filière a lancé, en début d’année, «Pacte Ambition ANVOL 2025 », qui vise à offrir des volailles françaises répondant aux différentes attentes des consommateurs. La crise de la Covid-19 a d’ailleurs confirmé le profond attachement des citoyens à la souveraineté alimentaire du pays. ANVOL en appelle aux pouvoirs publics pour la soutenir dans sa démarche. L’Interprofession demande un étiquetage généralisé de l’origine des volailles pour tous les circuits et, dans le cadre du plan de relance, un soutien financier pour accélérer le rythme de rénovation des poulaillers, des couvoirs et des abattoirs afin de répondre aux nouvelles attentes sociétales. Elle ne peut en effet pas faire face seule au besoin annuel d’investissement, qui s’élève désormais à 600 millions d’euros par an.
2020: un coup d’arrêt à la progression de la volaille en restauration
En 5 ans, la consommation globale des volailles a progressé de +15%, marquée par une très nette progression de la Restauration Hors Domicile.
En 2020, la crise sanitaire a rompu cette dynamique de la restauration hors domicile. D’après les estimations, la consommation totale des volailles devrait diminuer de l’ordre de -1,1 %, avec une hausse de la consommation à domicile de l’ordre de +5,9 % sur l’année
*European Chicken Commitment: la filière prête à s’engager
Un certain nombre de distributeurs et restaurateurs s’est engagé à commercialiser des produits qui respectent ce cahier des charges. Il prévoit notamment :
•Au stade élevage : des souches à croissance intermédiaire, une densité maximale de 30kg poids vif/m², la présence de lumière naturelle, de perchoirs et substrats à piquer dans les poulaillers et un contrôle par un organisme tiers
•Au stade abattoirs : un étourdissement par atmosphère contrôlée
Aussi, la filière française est prête à mettre en œuvre ce cahier des charges. La démarche ECC viendra compléter la segmentation déjà proposée par la Filière, volailles standards, CCP, Label Rouge et BIO.
De fait cette démarche ECC viendra s’inscrire entre la production standard et les SIQO (Signe d’Identification de l’Origine et de la Qualité). Les estimations effectuées par l’ITAVI montrent que le surcoût de l’ECC par rapport à une production standard s’élève aujourd’hui à 27% pour le poulet sortie élevage. Compte tenu de la spécificité des souches intermédiaires (moins de rendement en viande), ce surcout est évalué à 40% à la sortie abattoir sous réserve de valoriser l’ensemble des morceaux en ECC. Dans le cas où seul le filet est valorisé en ECC, ce surcoût grimpe à 59%. Ces coûts sont évalués sur la base des données 2019.Notons toutefois que cette approche ne sera pas accessible à tous les abattoirs compte tenu des coûts liés à la mise en place d’un système d’étourdissement par atmosphère contrôlé. Les professionnels estiment qu’en France, moins de 10% des abattoirs pourront le faire (moins de 10 abattoirs sont équipés à ce jour).Enfin, la mise en place d’une filière ECC doit être anticipée de 18 mois pour permettre la réalisation des investissements nécessaires et assurer la production de reproducteurs correspondant au cahier des charges
1TAVI d’après Kantar Worldpane
2 ITAVI d’après SSP