Régler une addition avec son téléphone portable, c'est désormais possible. Rapide, pratique et sûr, ce mode de paiement sans contact se structure et devrait se généraliser en 2010 et 2011.
Arrivé sur le marché au début des années 1990, le téléphone portable a vu son nombre passer de 1,3 million en 1995 à 56 millions en 2008*. Il est loin le temps où le mobile ne servait qu'à téléphoner. Aujourd'hui, il permet de surfer sur le Net, d'écouter de la musique, de regarder la télévision... D'ici quelques mois, on pourra même l'utiliser pour payer ses achats.
Deux expérimentations sont en cours. La première a été lancée à Strasbourg en novembre 2006, la seconde à Caen un an plus tard. Initiées par l'association européenne « Payez Mobile », ces études sont menées en partenariat avec des banques et des opérateurs de téléphonie. Près de mille clients ont été sélectionnés, ainsi que trois cents commerçants dans les deux villes, dont cinquante établissements de restauration.
Le principe est simple. La fonction paiement par carte bancaire est intégrée dans le mobile sous la forme d'une application dans la carte SIM, et le téléphone est équipé d'une puce sans contact NFC (Near Field Communication). « Une technologie déjà diffusée à des centaines de millions d'exemplaires, notamment dans la billetterie transport comme le pass Navigo à Paris », développe Mung-Ki Woo, directeur des activités paiement sans contact pour Orange. Elle permet, à l'image du Bluetooth, une connexion radio avec le terminal de paiement du commerçant. Celui-ci prend la forme d'une borne sans contact équipée d'une antenne ou d'une cible NFC pour recevoir les ondes. Pour fonctionner, les deux éléments doivent être à moins de 4 cm l'un de l'autre. « La transaction est sécurisée par la saisie d'un code personnel et un système de cryptage autour de la carte SIM », détaille Yves Portallier, directeur marketing Sagem Wireless, l'un des constructeurs, avec Motorola ou LG, ayant élaboré les prototypes de téléphone double fonction.
Diminuer les files d’attente
Différents procédés de paiement ont été testés selon le montant à payer. S'il est inférieur à 20 E, le client appose son téléphone devant le lecteur sans contact. Un signal atteste alors de sa reconnaissance. Un ticket de paiement est édité pour finaliser la transaction. Au-dessus de 20 E, l'utilisateur passe le portable devant le lecteur, le montant s'affiche sur l'écran du mobile. Il saisit son code confidentiel, le valide et confirme en repassant le téléphone devant la borne. Le client peut aussi juste taper son code et présenter le mobile devant le lecteur. Dans les deux cas, une facturette est imprimée. C'est généralement le commerçant qui saisit, en amont, la somme à payer sur le TPE. « Le règlement est débité du compte bancaire comme pour un paiement par carte », précise Bernard Sadoun, responsable des relations extérieures pour le Crédit Mutuel Centre Est Europe.
Dans la pratique, le concept s'avère positif pour les restaurateurs, qui gèrent mieux les files d'attente conséquentes aux heures de pointe. À l'image de Josiane Bondoux, directrice d'un point de vente la Brioche Dorée, à Strasbourg. « Depuis l'installation du matériel en 2007, nous effectuons 45 paiements mensuels. C'est plus rapide qu'une carte bancaire et nous pouvons mieux servir la clientèle », souligne-t-elle.
Encore quelques adaptations
L'autre avantage réside dans le plan de la gestion des comptes au quotidien. « Les arrêtés de caisses journaliers sont facilités. Il n'y a pas de manipulation de petite monnaie et il reste une trace des transactions », ajoute Jean-Jacques Antelme, président de « Payez Mobile ».
Mais le paiement mobile a aussi ses inconvénients. Certains utilisateurs reprochent au TPE son encombrement et le temps nécessaire pour appréhender son fonctionnement. Si le principe fonctionne en petite restauration, les professionnels proposant une cuisine traditionnelle sont sceptiques. « Le client doit se déplacer pour payer. Je trouve cela peu pratique », souligne Julien de Valmigere, responsable du restaurant chez Yvonne, à Strasbourg. Quelques adaptations techniques sont nécessaires. C'est le but des expérimentations actuelles. Les premiers déploiements commerciaux sont prévus fin 2009, pour une généralisation en 2010-2011. « En 2012, 30 % des terminaux mobiles seront équipés de la technologie sans contact », conclut Jean-Jacques Antelme.
*Source : chiffres publiés par l'ARCEP (l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes).
Ce concept prend la forme d'une application dans la carte SIM du portable. Ce dernier est équipé d'une puce sans contact NFC (Near Field Communication) qui permet une connexion radio avec le terminal de paiement du commerçant. Plusieurs modèles s'ajouteront aux trois déjà disponibles (le L600V de LG Electronics, le L7 de Motorola et le My700X de Sagem). À savoir Tous les modèles sont sécurisés par une saisie de code et par des éléments cryptés autour de la carte SIM.
Le commerçant profite d'une diminution de l'attente aux caisses, de l'attractivité du service rendu et d'une solution globale pour le paiement et la fidélisation. Le client a un moyen de paiement disponible en permanence, il consulte ses transactions directement sur son mobile, et bénéficie de transactions sécurisées et d'une interaction avec sa banque. Un bémol Quelques adaptations techniques sont expérimentées, notamment pour les restaurants traditionnels, où les clients doivent se déplacer pour payer.
Dans le cadre des expérimentations, le client ne paie pas de coût supplémentaire. En revanche, quand le concept sera déployé, chaque banque et chaque opérateur sera libre de sa politique tarifaire. En cas de vol... Le porteur doit déclarer le vol ou la perte de son mobile à l'opérateur afin de bloquer sa ligne. Il est nécessaire de faire également cette démarche auprès de sa banque pour mettre en opposition sa carte. L'application est alors bloquée.
DES TERMINAUX MOBILES DEVRAIENT ÊTRE ÉQUIPÉS DE LA TECHNOLOGIE SANS CONTACT EN 2012