Actuellement, seuls les établissements qui produisent plus de 5 tonnes/an de biodéchets sont obligés de les trier. Au 1er janvier 2024, tous seront concernés, sans exception. Autant profiter des 7 prochains mois pour s’organiser, comme l’explique Loïk Rousseaux, responsable Meiko Green, une solution complète proposée par le fabricant allemand et mise en œuvre dans une centaine d’établissements français.
Quatre solutions pour le tri des biodéchets
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La poubelle
C’est la solution la plus basique, la moins coûteuse : le tri –pour beaucoup manuel- des biodéchets au niveau des poubelles…et donc leur collecte en tant que tels. Attention, « c’est une matière organique », alerte le responsable de Meiko Green. Donc si elle n’est pas collectée régulièrement, elle risque d’engendrer des problèmes d’odeur et de nuisibles –mieux vaut prévoir un local réfrigéré-. Et « plus ce biodéchet est collecté régulièrement, plus ça coûte au restaurateur », puisque –à de rares exceptions gratuites près-, il faut compter 120 € la tonne pour la collecte.
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Le compost sur site, plutôt adapté aux petits producteurs de bio-déchets, entre 10 et 50 kg, et qui ont un peu de terrain pour épandre ce compost –celui-ci ne peut être ni donné, ni vendu-. Pas question de mélanger de produit carné au biodéchet, sauf si l’on passe par un électro-composteur, qui, selon ses fabricants, hygiéniserait le compost. Ce dernier ne peut être utilisé que pour amender une production florale « pour éviter un mauvais retour à l’assiette ». La limite de cette solution ? Elle ne permet pas d’exploiter complètement la valeur énergétique de la matière.
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Les sécheurs, déshydrateurs : grâce à une température portée à 300 °c pendant plusieurs heures, les biodéchets –dans lesquels on peut intégrer cette fois des déchets de viande et de poisson- sont transformés en poudre de biodéchets, et donc collectés comme tels. L’avantage ? C’est un système de plug and play, qui réduit le volume de biodéchets de 90%... mais « aujourd'hui, chauffer à 300°C pendant des heures, ça devient lourd ».
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Les cuves de stockage, en d'autres termes, la solution Meiko Green. Après le passage dans des broyeurs (broyage de 40kgs en 90 secondes, pour une faible consommation), ils sont envoyés par canalisation en cuve (jusqu’à 24000 litres en version standard) et hygiénisés : pas de problématique d’odeur, de nuisible, pas de passage de camion régulier « car on peut stocker la matière jusqu’à 2 mois ». Les cuves ne prennent pas plus de place que les bennes à poubelles des restaurateurs. « Nous pouvons les fabriquer aussi sur mesure pour nous adapter aux locaux du client, nous pouvons même les enterrer, pour préserver le foncier », précise Loïk Rousseaux.
« Mais notre force, c’est l’accompagnement à l’utilisation ». Après un premier rendez-vous pour comprendre comment le client est organisé -comment il travaille, avec combien de personnes, pour quelle quantité de déchets-, un deuxième pour présenter ladite solution, Meiko Green forme les restaurateurs, ne serait-ce que sur ce qui est à mettre dans le collecteur –les biodéchets-, ce qui est à éviter –les coquilles d’huîtres ou de noix de saint-jacques, les os de plus de 12 cm- ; sur son nettoyage –l’eau utilisée ne doit pas repartir dans l’égout mais dans la cuve elle-même, donc il ne faut pas en utiliser trop, au risque de perdre en qualité de la matière. « Nous formons les utilisateurs d’abord en dehors du service puis pendant, et nous revenons 15 jours après, pour des ajustements, des réglages ». L’inconvénient majeur? Il tient au coût de ces cuves, avec sonde de niveau et malaxeur : 40000 € HT le ticket d’entrée, installation et maintenances comprises, « mais nous proposons toujours en amont de la commande un tableau de retour sur investissement, sur lequel nous comparons toutes les solutions du marché. Nous sommes sur des retours d’investissement sur 3 à 5 ans », précise le responsable de Meiko Green, tout en rappelant que le bureau d’étude R&D cherche à optimiser le coût sans baisser la qualité.
Alors qu’une centaine de cuves a été installée, la réglementation future devrait stimuler encore le marché… Pour des projets viables à condition d’avoir une usine de méthanisation avec hygiénisation dans un rayon de 50 à 100 kms.
Juin 2023