© Photo Stéphane Audras/Rea
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Quelques phrases maladroites dans le courrier d'une élue municipale adressé à des familles, et voilà Villefranche-sur-Saône (Rhône) propulsée, début janvier, sur le devant de la scène médiatique, le Mrap et SOS Racisme s'indignant des propos de l'adjointe chargée des affaires scolaires menaçant d'exclure de la cantine une vingtaine d'enfants qui refusaient de manger de la viande. Le cabinet du maire assure que la municipalité n'a jamais songé à passer à l'acte. Et que la priorité qui la guidait était de préserver la santé des petits et de placer leurs parents face à leurs responsabilités.
Le plus symptomatique, dans le cas de Villefranche-sur-Saône, tient surtout à l'attitude de ces enfants qui ne consomment aucune viande au motif qu'elles ne sont pas préparées selon le rite halal. D'autres communes font aussi ce constat. Un phénomène courant, mais dont il est difficile de mesurer l'ampleur.
Historiquement, depuis une bonne trentaine d'années, la majorité des communes avaient trouvé une solution compatible avec la tradition laïque : un plat alternatif les jours de service incluant de la viande de porc. « C'est une façon de respecter une consigne religieuse, sans pour autant faire une dépense cultuelle », considère Robert Lafoy, directeur du cabinet du maire de Villefranche.
Toutes les grandes villes interrogées adoptent cette approche. C'est le cas à Paris, Lyon et Marseille. Les petits Marseillais des écoles publiques ne bénéficient pas de menus spécifiques avec de la viande halal ou casher. Pour la municipalité, qui a confié à Avenance et Sodexho sa restauration scolaire (45 000 repas/jour), la raison en est simple : « Il s'agit du principe de laïcité. » Reste que les petits Phocéens d'origine musulmane peuvent systématiquement compter sur un plat de substitution (non halal cependant) quand le porc est au menu. D'autre part, la formule de self, qui s'est généralisée dans les écoles élémentaires, permet à l'enfant de choisir entre les deux plats chauds et donc de s'orienter vers un autre produit que le porc.
à amiens, les pLats de substitution concernent 20 % des enfants
A contrario, très rares sont les communes à refuser de servir des menus sans porc. La ville d'Orange que dirige Jacques Bompart, membre du Front national, fait exception. « Ce serait entrer dans le domaine du religieux. Il n'en est pas question. Nous sommes laïcs et républicains, nous respectons la loi », déclare le directeur de la communication.
Au fil des ans, la place des plats sans porc a atteint des proportions importantes. à Villefranche-sur-Saône, ce sont 4 000 plats chauds sans porc servis par an sur 110 000. à Orléans (Loiret), 1 300 par jour, sur un total de 8 000. « Sur les 6 000 repas servis quotidiennement, ces plats spécifiques concernent aujourd'hui 20 % des enfants, indique Nicole Deraeve, présidente de la commission des menus scolaires d'Amiens (Somme). Ce qui implique une double préparation et des barquettes de conditionnement de couleur distincte. Le personnel utilise même des couverts de service différents et nous limitons aussi les graisses animales dans les pâtisseries. »
Ce dispositif suffit-il à satisfaire les attentes de toutes les familles ? Probablement pas, car une partie d'entre elles souhaite aussi des menus sans viande ou des viandes halal. Les élus reconnaissent que cette demande de viande halal se développe ici ou là, mais qu'elle demeure marginale. C'est le cas à Gennevilliers (92) : « Elle n'est l'expression que de quelques familles, estime Yves Schebat, directeur de la communication. Elle se manifeste tous les ans depuis quelques années, surtout au moment de la[…]
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