Pour la ministre de la Transition Écologique Barbara Pompili, il existe clairement une hiérarchie dans les emballages éco-responsables « leur réduction, puisque le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas, le réemploi et en dernier recours le recyclage ». En écho, c’est sur ces mêmes trois échelons qu’une vingtaine d’opérateurs de la livraison/vente à emporter (agrégateurs, restaurants virtuels, fournisseurs d’emballages et porteurs de solutions) ont signé avec elle une charte d’engagement le 15 février 2021. Quels en sont les objectifs ?
Ils vont réduire très nettement la proportion d’emballages, sacs et couverts en plastique à usage unique
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Ils veulent baisser de 50% les emballages livrés sans plastique à usage unique d’ici le 1er janvier 2022, puis de 70% au 1er janvier 2023 ;
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Ils s’engagent à mettre fin à la livraison systématique de couverts et de sauces dès le 1er mars 2021 ;
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Ils vont bannir les sacs plastique utilisés pour la livraison d’ici le 1er janvier 2023 ;
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Ils vont réduire les emballages jetables de regroupement de plats utilisés pour la logistique entre les cuisines, les entrepôts et les points de livraison en les remplaçant par au moins 70 % de bacs réutilisables d’ici le 1er janvier 2023.
Expérimentations de réduction des emballages prévues au premier semestre 2021 :
Uber Eats et Deliveroo (en Ile de France) vont tester chacun de leur côté un modèle de vente à emporter où le client apporte son propre contenant au restaurant.
Ils vont mettre le réemploi au-dessus de la pile
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Ils vont lancer 12 expérimentations de réemploi des contenants pour plats, notamment des dispositifs de consigne ;
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Ils vont passer à 100 % de contenants réemployés livrés sur les lieux de restauration en entreprise d’ici le 1er janvier 2023.
Expérimentations de réemploi des emballages prévues au premier semestre 2021 pour la livraison/vente à emporter aux particuliers. Uber Eats expérimente un modèle de consigne en partenariat avec BioBurger, quand Deliveroo veut plutôt sonder ses principales entreprises clientes pour connaître leur intérêt au déploiement d’un système de réemploi dans la livraison, avec une attention particulière attachée à l’efficacité écologique et économique dudit système. De son côté, Saveurs et Vie s’associe à Uzaje (solution industrielle de lavage) pour mener des tests de réemploi des contenants dans plusieurs CCAS (centres communaux d’action sociale). Le même Uzaje vient d'inaugurer à Neuilly sur Marne, en région parisienne, sa deuxième usine de lavage à la capacité de 40 millions de contenants/an. Tiptoque va proposer en Ile de France sa solution de contenants réemployables pour la vente à emporter et la livraison de repas, à d’autres chefs de son collectif, en addition des 4 qui l’utilisent déjà.
Coopcycle va lui aussi continuer à développer le recours au réemploi sur le modèle adopté par les coursiers montpelliérains en partenariat avec LoopEat.
Expérimentations de réemploi des emballages prévues au premier semestre 2021 pour la livraison en entreprise, principalement en Ile de France. PopChef va l‘essayer avec Pyxo dans une entreprise de Puteaux, servant une centaine de repas/j ; Foodles, avec Pyxo et Uzaje, va l’expérimenter pendant un mois auprès de 6 entreprises clientes ; Frichti va faire un test d’un mois avec GreenGo dans un point de vente parisien ; FoodChéri et Nestor vont elles aussi mener des expérimentations. Quant à Tiptoque, elle va développer l’utilisation de contenants en dur réemployables dans deux entreprises
Et pour les emballages à usage unique qui restent, ils vont développer le recyclage
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Ils visent 100 % d’emballages recyclables au 1er janvier 2022 ;
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Ils vont ainsi bannir les résines plastique les plus problématiques à recycler dès le 1er juillet 2021.
A noter qu’Uber Eats comme Deliveroo proposent à leurs clients des fournisseurs d’emballages éco-responsables.
En tout cas, comme le soulignent la plupart des acteurs, cette évolution/révolution de l’emballage pour la livraison/vente à emporter ne peut être envisagée que si elle se construit sur la mutualisation (des moyens, du travail autour des analyses de cycle de vie etc), la standardisation (de la logistique, des emballages utilisés etc) et la digitalisation de l’ensemble... et à condition que « le modèle économique soit tenable», reconnaît Barbara Pompili. Et que tous parlent le même langage pour s’assurer de la pertinence des solutions, donc avec des analyses du cycle de vie (ACV) construites de la même manière. Celles-ci seront réalisées à travers les expérimentations des uns et des autres, mais avec une méthodologie commune, celle proposée par l’Ademe pour mesurer l’impact économique, social, environnemental et sanitaire entre autres du réemploi. C’est dans cet esprit qu’Uzaje mène une étude sur l’ACV d’une bouteille verre d’1 litre réemployable vs une en verre à usage unique, une en plastique recyclé...
Tous ces opérateurs devraient se retrouver avec la ministre une fois tous les deux mois, histoire de faire le point sur l’avancée des travaux.
Qui sont les premiers signataires de la charte
Les plateformes d’intermédiation : Uber Eats, Deliveroo, Tiptoque, CoopCycle, Stuart ;
Les « restaurants virtuels » fonctionnant à partir d’une cuisine centrale : Frichti, Nestor, Popchef, Foodchéri, Foodles, Saveurs et Vie ;
Les porteurs de solutions de réemploi dans le secteur de la restauration livrée : Uzaje, Green Go, Reconcil, En boite le plat, Pyxo ;
Les fabricants et fournisseurs d’emballages ou contenants : Metro, Pyrex, Arc International.