Il est un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Les segments de la restauration y étaient cloisonnés, les produits distinctifs pour chacun de ces segments, les horaires précis - à midi et le soir - et les vaches bien gardées ! Mais, depuis, les codes ont volé en miettes... Prenez par exemple le burger. Ce marqueur générationnel, synonyme, au choix, de malbouffe, d'américanisation à outrance des moeurs, fussent-elles culinaires, d'organisation tayloriste, de fast-food... est devenu le must ultime. Le comble de la consommation de qualité. Avec une viande plus dodue, tracée, cuite au goût du convive, un bun rigoureusement sélectionné, des pommes de terre frites comme à la maison, il a opéré une métamorphose inimaginable hier, symbolisée par le qualificatif « gourmet ». Un régal qui se mérite, puisqu'au passage, son prix de vente est passé du simple au double. Sans éroder l'engouement de ceux qui ont grandi ou vieilli avec lui, loin de là... Ses ventes ont été multipliées par 13 en treize ans. Devenu une lame de fond plutôt qu'une tendance, ce produit personnalisable à souhait, facile à manger, se multiplie comme du bon pain partout en France. C'est bien pour lui et ses acteurs.
Il n'empêche, on peut légitimement se demander si à budget égal, on n'a pas envie de se laisser aller à déguster un de ces petits plats dont les restaurateurs ont le secret et qui ont contribué à inscrire le repas à la Française au patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Après, chacun est libre de dépenser et manger à sa guise...