Economistes, entrepreneurs, hommes d'Etat : tous en conviennent, la reprise européenne sera tirée par celle des Etats-Unis. Pour le reste, à savoir les perspectives économiques du second semestre 2002 et les chances d'un redémarrage économique à court terme, les avis divergent. Pour Patrick Arthus, directeur de la recherche et des études à la Caisse des Dépôts, la reprise de l'économie américaine ne surviendra pas avant début 2003. De son côté, l'économiste Marc de Scitivaux estimait déjà à la mi-mars que la fin de l'année pourrait être bien meilleure que prévue et de fait, que les conséquences sur l'emploi et la consommation ne seraient pas négligeables : « Elle viendra beaucoup plus tôt qu'on ne le prévoit et elle sera d'une réelle ampleur parce que tirée par la forte reprise industrielle aux Etats-Unis.» Lesquels, si l'on en croit leur optimiste secrétaire d'Etat au Trésor, Paul O'Neill, devraient sortir du tunnel avant la fin 2002 et afficher une croissance de 3 à 3,5%&
De ce côté-ci de l'Atlantique, l'indicateur résumé d'opinion des ménages français, établi mensuellement par l'Insee et qui était en repli depuis le début de l'année, s'est stabilisé durant le mois de mars. Encourageant ? Pas forcément, car le solde d'opinion « relatif à l'opportunité d'acheter » a continué de reculer en mars tandis que celui « relatif à l'opportunité d'épargner » augmentait.
Certes, le moral serait meilleur chez les entrepreneurs. L'enquête semestrielle d'opinion de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP), présentée fin mars, laissait espérer une reprise au cours des six prochains mois. 70% des entreprises déclarent vouloir maintenir leurs effectifs et 24% envisagent même de les augmenter. Les services aux particuliers, cafés/hôtels/restaurants notamment, sont les plus nombreux à annoncer des intentions d'embauches. Une ombre au tableau toutefois : les intentions d'investissements continuent globalement de baisser depuis 18 mois, passant de 41% de « oui » en septembre 2000 à 36% en mars 2002.
La vitalité des entreprises françaises
C'est sans doute là que le bât blesse. Car c'est bien l'investissement des entreprises qui crée des emplois et, dès lors, un développement de la consommation. « Les entreprises n'investissent que lorsque leurs carnets de commandes sont remplis et que leurs capacités productives sont déjà bien utilisées », fait remarquer à juste titre la CCIP. Celle-ci estime donc que le gouvernement doit, lorsque c'est nécessaire, soutenir la consommation des ménages en conduisant une politique d'allégements des impôts mais aussi, lever tout un ensemble de freins structurels à l'investissement. Encouragement fiscal des projets et modernisation des financements d'investissements figurent parmi les mesures proposées par la CCIP.
Des conseils qu'il serait avisé de suivre. Entre 1996 et 2000, les investissements français à l'étranger sont passés de 24 à 180 milliards d'euros (soit environ 13% du PIB). S'il y a de quoi se réjouir de la vitalité des entreprises françaises à l'extérieur, on peut aussi s'interroger sur les contraintes qui pèsent sur ces dernières lorsqu'elles veulent investir sur leur marché domestique. Des freins qui, probablement, commencent aussi à décourager les entreprises étrangères désireuses de s'implanter en France. Selon Ernst & Young, la France, au deuxième rang en Europe pour les investissements directs étrangers (IDE), est passée l'an dernier de 16 à 13% du total européen. Dans le même temps l'Allemagne, la Suède,et bien d'autres pays d'Europe centrale, continuaient d'attirer des projets étrangers.
L'investissement au coeur de la reprise
S'il y a lieu de se réjouir de la vitalité des entreprises françaises à l'étranger, on peut aussi s'interroger sur les contraintes qui pèsent sur celles-ci lorsqu'elles veulent investir sur leur marché domestique.