Faut-il éduquer les consommateurs et comment ?
Pour tenter d'y répondre, l'IFN a présenté les actions menées au Canada et au Japon, à l'occasion de son colloque annuel du 9 décembre, à Paris. Si le lancement de son guide alimentaire remonte à 1942, le Canada organise, depuis 1982, le mois de la nutrition. « Mais son mode d'éducation nutritionnelle est un échec », explique Marie Marquis, de l'Université de Montréal. Ses nutritionnistes sont trop éloignés des aliments avec un vocabulaire et des messages mal compris par les consommateurs, notamment les plus défavorisés, qui demandent des menus et des recettes plutôt que des apports journaliers à respecter. Afin de passer de l'éducation nutritionnelle à l'éducation alimentaire, les nutritionnistes se voient imposer des cours de cuisine avec des chefs. Le gouvernement vient d'ouvrir une ligne téléphonique pour répondre aux questions des consommateurs.
Au Japon, la campagne d'éducation alimentaire shokuiku tend quant à elle à impliquer l'ensemble des acteurs alimentaires, des producteurs aux consommateurs. « C'est dans le cadre scolaire que s'illustre mieux la dimension pédagogique du shokuiku, explique Anna Takino-Brot, de l'Université Paris-Ouest Nanterre. L'école que j'ai observée a mis au point un manuel d'éducation alimentaire et aborde la question de l'alimentation dans de nombreuses matières (histoire, géographie, économie...). » Les écoliers se rendent aussi dans des rizières ou potagers pour découvrir comment sont produits les aliments de base et développer leur respect de la nature. À l'école, le repas est présenté comme « un livre de classe comestible » !