Alors que le déconfinement débutera progressivement à partir du 11 mai, les entreprises des fruits et légumes frais prêts à l'emploi, réunis au sein du SVFPE (Syndicat des fabricants de produits végétaux frais prêts à l'emploi) poursuivent leur mobilisation pour survivre à la crise.
S'ils se sont très vite organisés pour prendre les mesures nécessaires à la poursuite de leurs activités, ils doivent toutefois faire face à une chute sans précédent de la demande, avec l'arrêt des activités de la Restauration Hors Domicile, qui peut représenter jusqu'à 100 % du marché de certaines entreprises.
Cependant, grâce à l'engagement de leurs collaborateurs et à la contractualisation, les entreprises ont réussi à s'organiser pour assurer des revenus aux maraîchers en prenant un maximum en charge leurs récoltes. Malgré les difficultés, ils ont maintenu leurs activités de transformation pour approvisionner les Français en produits frais. Mais, aujourd'hui, la situation est de plus en plus tendue. Elle entraine un manque de main d'œuvre dans les champs et une hausse des coûts de production, tant au niveau du maraîchage que des sites de transformation, que les entreprises ne pourront pas continuer à assumer seules.
C'est pourquoi le SVFPE envisage d'ores et déjà l'après-crise et invite tous les intervenants de la filière à mener une réflexion pour élaborer un nouveau pacte d'engagement collectif. Il s'agit de revaloriser le travail de la filière et d'en répartir la valeur sur chacun des maillons afin de pouvoir assurer la survie et le renforcement du maraîchage en France et l'indépendance alimentaire du pays. Aujourd'hui, 60 % des salades en sachet proviennent de cultures nationales et les entreprises du SVFPE se fixe l'objectif de passer à 75 % le plus rapidement possible.
Les entreprises des fruits et légumes prêts à l'emploi mobilisées pour assurer la continuité agricole et alimentaire
Dans les entreprises et chez les producteurs, l'application des mesures barrières visant à protéger les collaborateurs et les nouvelles organisations de production sont désormais bien rodées. Masques, gels hydroalcooliques et distances de sécurité font partie du quotidien des producteurs et des transformateurs et leur mise en œuvre est remarquablement appliquée par les collaborateurs engagés sur le terrain. Chaque jour, leur mobilisation permet d'assurer la continuité de la chaîne agricole et alimentaire française, en prenant en charge les fruits et légumes produits par les maraîchers et en assurant un flux de marchandises fraîches en continu dans les magasins pour répondre aux attentes des consommateurs durant cette période difficile.
Les entreprises de la filière et leurs partenaires font chaque jour preuve d'une grande agilité pour s'adapter à des niveaux de commandes aléatoires, à la réduction des assortiments des enseignes, voire même à la disparition de commandes, comme c'est le cas pour la restauration hors foyer, mise à l'arrêt quasi-total jusqu'à nouvel ordre.
Une réactivité et un engagement des entreprises que la filière doit à la forte relation de contractualisation mise en place de longue date avec leurs partenaires maraîchers, en majorité français. Plus de 60 % des salades proposées en sachet en France sont en effet issues du sol national, gage d'indépendance alimentaire du p
La disparition de près 100% des commandes de la RHD : une déflagration pour les entreprises
Dans le contexte inédit que connaît la France et le monde, la filière est cependant contrainte de détruire une grande partie de ses récoltes en raison du recul brusque et imprévisible de la demande liée à la pandémie. En effet, les productions planifiées avant la crise ne trouvent aujourd'hui plus les débouchés anticipés. Si les achats des consommateurs en magasins restent stables, la filière doit en revanche faire face à la chute drastique des commandes de la restauration, qui représentent habituellement de 30 % à 100 % des débouchés selon les entreprises. Les professionnels de la filière restent dans l'incertitude sur la durée de cette crise profonde, qui entraîne la destruction de récoltes.
Hausse des coûts de production et manque de main d'œuvre
De plus, tous les maillons de la filière sont touchés par une diminution de la productivité et des capacités de production avec la mise en place des gestes et équipements barrières. Tous doivent faire face à une hausse des coûts : producteurs, transformateurs et partenaires transporteurs. À l'arrivée en rayon, ce surcoût est de l'ordre de +10 %, mais il est pour le moment entièrement pris en charge par les entreprises, qui font preuve de solidarité pour ne pas le répercuter sur le prix de vente au consommateur.
De plus, alors que la France entre dans la pleine saison des récoltes, notamment pour les salades prêtes à l'emploi, les maraîchers sont confrontés au manque de main d'œuvre, indispensable à cette activité 100 % manuelle. Cette pénurie contribue à faire peser de lourdes incertitudes sur la reprise.
C'est pourquoi les entreprises du SVFPE ont mis en place des groupes de travail visant à trouver les meilleures solutions pour les maraîchers, mais également pour assurer, le moment venu, le retour en magasins des équipes commerciales et le réapprovisionnement des restaurants.
Vers un nouveau pacte d'engagement collectif pour renforcer l'indépendance alimentaire et l'activité économique locale
Au-delà, les entreprises du SVFPE préparent déjà l'après-crise pour sauvegarder cette filière clé de l'économie française. Au total, la filière des salades en sachet concerne en effet plus de 3 500 emplois entre le maraîchage et la dizaine de sites de production répartis partout en France. Chaque jour, ce sont environ 2 500 collaborateurs qui se sont mobilisés dans des conditions difficiles pour maintenir la production de légumes et de salades en sachet. Cette situation inédite a mis en évidence l'impérieuse nécessité pour la France de retrouver davantage d'indépendance alimentaire en relocalisant ses productions sur son territoire.
Pour la filière des fruits et légumes frais prêts à l'emploi, il s'agit de réaffirmer avec force son modèle de contractualisation qui devra permettre d'agir en faveur de la pérennité du maraîchage en France. En effet, le nombre de maraîchers se réduit chaque année et il est nécessaire d'inverser la tendance pour proposer une production locale, offrant une meilleure maitrise de la qualité sanitaire, organoleptique, nutritionnelle et environnementale des produits. Une contractualisation renouvelée et sécurisée par une meilleure valorisation permettra de relever ce défi de la relocalisation
Mais cet engagement citoyen à travers la sauvegarde du maraîchage français et le renforcement de l'indépendance alimentaire du pays ne pourra se faire qu'en étant accompagné d'une revalorisation des produits et d'une meilleure répartition de cette valeur entre les différents acteurs du secteur. C'est pourquoi les entreprises du SVFPE se mobilisent pour inviter l'ensemble des acteurs de la filière à contribuer à ce nouveau pacte d'engagement collectif.
Thierry Dubois, Président du SVFPE, précise : « La contractualisation est et doit rester un point essentiel de notre filière. En ce sens, nos entreprises sont exemplaires, car nous n'avons pas attendu les préconisations des EGA pour nous y mettre. Notre métier repose sur l'anticipation et donc la contractualisation. Si ce modèle est vertueux et permet de sécuriser les producteurs, il est cependant risqué pour les entreprises, comme l'illustre parfaitement la situation que nous connaissons aujourd'hui, alors que des débouchés ont disparu du jour au lendemain.
C'est pourquoi nous devons sécuriser cette contractualisation par la revalorisation et que cette revalorisation doit être répartie entre les différents intervenants du secteur. Nous devons, nous le voyons aujourd'hui, être capables de faire face aux imprévus, et, actuellement nous sommes beaucoup trop sous tension, même en période normale. Il faut que cela change et c'est ce qui nous permettra de relocaliser le plus possible nos productions en France. Nous connaissons la qualité de nos productions françaises et elles s'intègrent parfaitement aux attentes conciliant RSE et autonomie. Aujourd'hui, environ 60 % des salades prêtes à l'emploi sont cultivées en France, nous pouvons grimper à 75 % grâce à la revalorisation et à ce nouveau pacte d'engagement