Depuis le premier confinement, les membres de l’équipe de l’Auberge du Vert Mont, à Boeschepe (Nord) travaillent 4 jours par semaine. « Sur le papier, ce n’était pas l’établissement où tester ce nouveau rythme », se souvient Florent Ladeyn, « mais c’est le restaurant que je connais le plus, où je suis le plus présent et où travaillent mes plus anciens collaborateurs ». Une idée qu’il avait depuis sept ans, renforcée par des échanges avec une amie auteure d’une thèse sur les bénéfices d’un tel dispositif. « Je procrastinais sur la question, et puis cela me faisait peur de changer ses habitudes et un fonctionnement qui gagne ».
Une organisation bénéfique pour les salariés mais aussi pour le restaurant
Une fois la décision prise, il a recruté trois personnes de plus à son effectif de dix, pour composer son planning organisé sur 6 semaines, dont une où les collaborateurs travaillent sur 5 jours, mais de 11h à 18h. Une sixième semaine de vacances leur est aussi accordée « C’est un coût supplémentaire dans la masse salariale oui, mais ça le vaut. Quand les gens sont présents quatre jours, ils le sont à fond. Et quand ils reviennent, c’est avec une nouvelle énergie car ils ont pu partir sur un week-end de trois jours ou se (re)mettre au sport ». Et l’ancien Top Chef ajoute : « Ils sont plus reposés et donc plus efficaces. La marge est aussi meilleure, parce qu’en cuisine tout le monde fait plus attention, jette moins, et en salle, les membres de l’équipe sont plus souriants et vendent mieux ». Et depuis près de deux ans, ce nouveau rythme de travail a essaimé dans les deux autres restaurants du chef, Bloempot et Bierbuik à Lille. Aujourd’hui, l’étoilé continue à nourrir ses réflexions pour alléger les contraintes liées au métier. « Je me demande s’il ne serait pas mieux d’être ouvert sept jours sur sept, avec deux équipes qui travailleraient 3.5 jours chacune ».
Une participation aux bénéfices en parallèle
Florent Ladeyn n’a pas seulement changé son organisation, mais aussi introduit une participation aux bénéfices, « qui n’est pas la même pour tout le monde », prévient l’ancien Top Chef. Conditionnée à la réalisation de l’exercice complet et à la motivation, cette gratification est aussi un investissement pour « être plus sexy qu’avant en matière salariale » et un outil supplémentaire contre le turnover. Mais avec l’inflation et l’augmentation des coûts de l’énergie, cet avantage va aussi lui demander d’augmenter ses prix. « On sera parmi les derniers mais on va devoir le faire. Et puis je dis toujours à mes équipes qu’on fait un métier de service, pas de servitude ».
Retrouvez notre dossier sur les leviers pour recruter et fidéliser les collaborateurs, dans le N°616 de Néo, à paraître en mars.
Février 2023