Espagne : bars à tapas et sandwicheries en plein essor

Le marché de la restauration rapide espagnole représentait près de 9 MdF en 2000, avec un taux de croissance global de 17% par rapport à l'année précédente. Un bon score, qui se révèle néanmoins en deçà des attentes des différents opérateurs. Le créneau de la sandwicherie, en augmentation de 24,6%, bénéficie d'un excellent dynamisme. Si le hamburger, en hausse de 21%, tire aussi son épingle du jeu, en revanche, la pizza semble s'essouffler et ne progresse que de 9%. Toutefois, plusieurs facteurs ralentissent l'appétit des opérateurs. : le coût des locaux commerciaux, les difficultés pour obtenir des autorisations administratives pour des ouvertures en centre ville ou centre commercial ainsi que le manque de personnel qualifié. Par ailleurs, les investisseurs se montrent plus frileux car les consommateurs manifestent moins d'intérêt pour les concepts de chaîne et zappent volontiers vers des formules plus récentes et inédites, comme la nouvelle génération de bars à tapas. D'ailleurs, des évolutions se font jour dans la stratégie des leaders.

Ainsi, Telepizza, dont l'action est en baisse, mise sur les ventes via Internet pour stimuler son réseau et a passé, dans cette perspective, des accords avec Terra, filiale de Telefonica, pour le portail " A tu Hora " et l'opérateur Logistica. Le numéro un de la pizza entend également consolider ses positions et remédier à la désaffection d'une partie de la clientèle en ouvrant des " quick service restaurants" (QSR) proposant une large offre de sandwichs, hamburgers et autres plats préparés en cuisines centrales. Côté hamburger, McDonald's n'a pas atteint les objectifs fixés, mais son rythme d'ouvertures, très soutenu, lui permet néanmoins d'afficher une forte croissance en 2000 et de regagner la première place en passant devant Telepizza. 

De son côté, Burger King fait le choix d'un développement en master-franchise avec l'ouverture de vastes unités et table beaucoup sur les formules de drive-in pour étendre son champ d'action. Le groupe espagnol Zena, qui s'est endetté l'an dernier auprès de Tricon pour exploiter les restaurants Pizza Hut, KFC et Burger King, se retrouve aujourd'hui à court de ressources pour doubler son parc, ainsi qu'il le prévoyait dans son plan d'expansion. Il est actuellement en discussion avec les fonds d'investissements (CVC et Inveralia, qui sont par ailleurs associés avec le groupe Restmon de restaurants thématiques) dans le but de trouver un financement afin de relancer le développement des franchises, mais aussi des marques détenues en propre telles que Foster's Hollywood. Sur le versant de la sandwicherie, le holding Agrolimen a développé une grande activité en 2000, en multipliant les restaurants de l'enseigne Pans & Company et en entrant à hauteur de 20% dans le capital de Bocatta, qui possède la performante chaîne de sandwich'bars, Fresh & Ready. 

D'autre part, le groupe se diversifie et se positionne sur deux nouveaux créneaux : les pâtes italiennes, au travers de Pastafiore, qu'il compte développer grâce à des restaurants en quick service, et les coffee-bars avec un nouveau concept : Café di Fiori. Si elle reste bonne, la croissance des entreprises de tailles moyennes, s'avère un peu moins forte. Le groupe Rodilla, spécialiste des sandwich'bars s'est développé de façon équilibrée au travers de la franchise, alors que Viena (hot-dogs) a enregistré un important succès avec ses exploitations directes, en particulier celles qui fonctionnent en drive-in. Il faut en outre préciser que Sapri est en posture délicate puisque sa maison mère, Telepizza, souhaite la vendre et que Pizza Movil, qui possède des unités en Galicie (Vidisco) et en Catalogne (Pizza Movil) a été acquis par le groupe portugais Richfield Morenci. En tout cas, 2001 sera un tournant décisif pour les grandes chaînes car d'importants mouvements de fusion sont annoncés, soit par voie de rachat, soit par prise de contrôle. Actuellement, la concentration d'entreprises demeure élevée car les cinq premiers groupes détiennent à eux seuls 75% du marché.