Dans une période exceptionnelle, qui suspend l’activité d’une majorité d’opérateurs du hors-domicile, La Mie Câline est autorisée à ouvrir, et poursuit son activité dans 155 de ses magasins. Retour avec David Giraudeau, directeur général de La Mie Câline, sur la stratégie conduite par l’enseigne depuis le départ de crise.
Une grande partie de l’activité hors-domicile est à l’arrêt, en raison des mesures décidées pour enrayer la propagation de l’épidémie Covid-19. Qu’en est-il de La Mie Câline ?
Nous sommes autorisés à ouvrir, à l’exception des 90 salles de restauration que compte le réseau. 80 unités sont aujourd’hui fermées sur nos 235 magasins. Ces magasins, en franchise, ont décidé de baisser leur rideau parce que leur activité était en chute libre, ou qu’ils craignaient de ne pouvoir assurer la sécurité de leurs salariés et de leurs clients. Nous avons ressenti les chutes de fréquentation très durement depuis la mise en place des mesures de confinement. Dans les 155 magasins ouverts, sur la vente à emporter et la livraison, nous sommes aujourd’hui de 60 à 80% sous le chiffre d’affaires usuel, 7-800 euros par jour contre 2300 en temps normal.
Comment accompagnez-vous, sanitairement, cette poursuite d’activité ?
Nous avons eu un sujet sur la pénurie de masques au début du confinement, que nous avons pu compenser en partie en basculant le stock lié à notre activité industrielle, à l’arrêt, vers nos magasins. Nous avons trouvé une solution complémentaire, de nouveaux masques arrivent demain. Nous essayons d’accompagner au mieux nos équipes et nos franchisés dans cette période, sur l’intégration des gestes-barrières dans les procédures, sur les masques, etc. Perdre du chiffre d’affaires, c’est une chose, perdre des hommes, c’est autrement plus grave. Il faut commencer par là, l’humain, pour que la vigilance de tous permette d’écourter cette période et reprendre une vie normale.
Qu’en est-il de l’activité partielle ?
Cette question, une grande majorité de Français et d’enseignes sont en train de se la poser. Je sors d’une visio-conférence avec 80 franchisés sur le sujet. S’agissant de La Mie Câline, la question se pose à différents niveaux. En tant qu’industriel, nous sommes très directement impactés, puisque les stocks, 7 jours en temps normal, sont rapidement montés à 30 jours en raison de la chute des ventes. Les 300 salariés du site sont en chômage partiel depuis lundi, le dossier est en cours auprès de la Direccte. Nous allons accompagner nos franchisés dans ces demandes. Ce n’est pas parce que l’on est autorisé à ouvrir que l’on n’est pas impacté, l’évolution du chiffre d’affaires est là pour le rappeler. Les animateurs réseau appellent depuis le début de la crise nos partenaires franchisés pour leur rappeler la to-do list, pour effectuer les demandes auprès de leur bailleur, de leur banque, de l’Urssaf. En tant que franchiseur, forcément, nous avons repoussé les royalties du mois de mars.
Quel impact peut avoir cette crise sur votre réseau ?
Pour le moment, nous naviguons à vue, comme tout le monde. Personne n’est aujourd’hui en mesure de savoir à quelle échéance cette crise sera résolue. On ne peut que travailler sur différentes hypothèses, l’idée directrice étant de sortir de cette crise comme nous y sommes rentrés, avec 235 unités, un franchiseur et un industriel. Ce qui est certain, c’est que la dette cumulée, à l’échelle du Groupe, de nos franchisés, et plus largement du pays, va s’alourdir. L’enjeu à ne pas laisser le tissu économique s’écrouler, en atténuant l’impact économique par de l’activité partielle, est fondamental. Pour les entreprises, comme pour les salariés, si l’on ne veut pas entrer dans une crise économique majeure. Il faut aussi se préparer à une reprise de l’activité très progressive, contrairement à une chute de l’activité, qui a été brutale, à des consommateurs aussi qui seront différents. Si nous sommes capables, à l’échelle de la planète, de sortir de cette crise, sans doute serons-nous plus forts pour relever des défis comme celui de notre environnement. Il peut y avoir une force nouvelle, du côté des consommateurs, comme de celui des enseignes, qui sorte de tout cela… Mais avant de réorganiser cet avenir, concentrons-nous sur le présent. J’ose penser que d’ici une semaine, passée l’urgence, nous entrerons dans une routine de crise. Ce serait déjà un premier pas. Propos recueillis par Yannick Nodin