Déjà passionnée par la diététique au lycée, Régine Aouizarte, diététicienne-nutritionniste libérale et formatrice, savait qu'après le bac, elle s'orienterait vers un BTS en diététique en deux ans. Aujourd'hui, il existe d'autres voies d'accès : IUT et écoles privées... Après des débuts en clinique au sein d'une équipe - expérience indispensable pour créer son réseau -, elle ouvre son cabinet et s'installe en libéral. Sa mission : la prise en charge globale de la personne, et non d'une pathologie. Pour elle, « il s'agit d'un accompagnement ». Son activité ne se limite pas à recevoir des patients en quête de conseils nutritionnels. Elle a élargi son champ d'action en devenant formatrice, en s'inscrivant en master de formation thérapeutique, enseignement dispensé à la faculté de médecine de Marseille.
Pour sa part, Martine Aubert, cadre de santé à la tête d'une équipe de diététiciennes-nutritionnistes au centre hospitalier du Mans, a fait très vite le choix du secteur hospitalier (unité de soin, puis service de restauration), pour évoluer vers un poste d'encadrement. Ses journées se partagent entre l'organisation de l'activité, la régulation du quotidien, la conduite de projets, l'accompagnement professionnel, la participation aux groupements d'achats du centre hospitalier... Quant à son équipe, elle n'est plus cantonnée comme autrefois à la « diététique pure » dans les cuisines, mais est opérationnelle dans toutes les unités de soin, au chevet du patient. « Nous parlons de cuisine à longueur de journée. Aimer cuisiner, être gourmande, avoir du plaisir à manger, sont des qualités qui me semblent importantes lorsque je recrute », confie Martine Aubert. Parallèlement à la qualité nutritionnelle des menus, elle a en charge l'élaboration des plans alimentaires, la prise en compte des choix des patients.
La communication avant tout
La communication est au coeur de ce métier. « Il ne faut pas dicter à la personne ce qu'elle doit faire, mais l'accompagner pour atteindre un objectif précis, en prenant en compte ses souhaits, ses habitudes de vie..., insiste Régine Aouizarte. Être persuasif ne fonctionne pas. Le patient doit connaître les éventuelles complications, savoir qu'il peut les retarder. Autrement, cela peut se révéler contre-productif. »
Le métier évolue, à l'instar du secteur de la santé, en particulier avec le raccourcissement des durées de séjour. L'hôpital est en mouvement, et il est impératif de travailler sur le nouveau lien qui s'établit avec l'extérieur. Tout porte à croire que le rôle des diététiciens-nutritionnistes serait amené à prendre davantage d'importance hors des structures de soins. Reste la question des consultations. L'Agence régionale de santé aurait conseillé aux professionnels de ne pas trop espérer le remboursement des actes en libéral. En revanche, ces derniers seront amenés à développer des partenariats avec les réseaux de santé, et à mener une réflexion sur les parcours de soin à l'hôpital.
Une spécialisation nécessaire
Aux futurs professionnels qui s'interrogent sur les perspectives d'évolution du métier, Régine Aouizarte préconise « la spécialisation (cancer, diabète...) ». Des collaborations avec des ligues de lutte contre certaines maladies, ou encore la dénutrition des personnes âgées, la nutrition de l'enfant... sont des voies envisageables. Mais aussi des formations au GEM-RCN ou de référent PNNS. Le Conservatoire national des arts et métiers (Institut scientifique et technique de l'alimentation et de la nutrition - Cnam/ISTNA) et l'École des hautes études en santé publique (EHESP) mettent en place, avec le soutien de la Direction générale de la santé, une formation de formateurs « référencés PNNS ». Un moyen, pour les organismes de formation, de permettre une cohérence de leurs formations avec le plan national.
Aux dires de certains diététiciens nutritionnistes bénéficiant déjà d'une expérience, les études ne correspondent plus aux thérapeutiques hospitalières. Ils parlent même de décalage entre les besoins des structures et les compétences des professionnels. Pour une meilleure adéquation, ils préconisent d'allonger la durée des études de deux à trois années, et d'intégrer notamment davantage de techniques de communication.
« Il ne faut pas dicter au patient ce qu'il doit faire, mais l'accompagner pour atteindre un objectif précis en termes de nutrition, en prenant en compte ses souhaits, ses habitudes de vie. » Régine Aouizarte, diététicienne-nutritionniste et formatrice, et membre de l'Association française des diététiciens-nutritionnistes