Accueilli chaleureusement début 2014, le projet de La Jeune Rue, qui consistait à créer un quartier de restaurants et commerces de bouche dans le IIIe arrondissement de Paris, est au point mort.
Sur le papier, Cédric Naudon, l'investisseur porteur du projet, vendait « un rêve gastronomique, doublé d'un pari culturel et d'un projet de société ». Au total, 36 commerces devaient ouvrir, tous décorés par des pointures du design. Cerise sur le gâteau, les restaurants devaient tous être fournis par une agriculture vertueuse, respectueuse des circuits courts. Un projet qui était chiffré à 30 millions d'euros.
Qu'en reste-il aujourd'hui ? Quatre établissements en activité (Anahi, Ibaji, Le Pan, Le Sergent Recruteur) ont bonne presse, mais viennent d'être placés en redressement judicaire. En cause : des problèmes de gestion. Le chef pourtant fraîchement étoilé du Sergent Recruteur, Antonin Bonnet, a rendu son tablier à la mi-mars. Le mystérieux Cédric Naudon, injoignable, a été lâché en février par la Banque publique d'investissement, qui devait lui apporter 10 millions d'euros. Son ex-beau-frère, Bruno Gaccio, l'un des auteurs des Guignols de l'info, lui avait par ailleurs prêté 1 million d'euros en 1999.
Régler ses dettes
« C'était un beau projet, ambitieux, généreux et intelligent, mais porté par un homme qui fait du bluff », témoigne Arnaud Daguin, qui a travaillé aux côtés de Cédric Naudon sur le projet. Le chef cuisinier avait un rôle de conseil qui englobait le sourcing des produits, la définition de critères de qualité et la recherche de la vertu. Il portait aussi la casquette formation en fabriquant des cursus voués à accueillir tous les collaborateurs de La Jeune Rue. « Le dernier conseil que j'ai donné à Cédric Naudon avant d'arrêter ma mission, car je n'étais pas payé : qu'il règle ses dettes envers les producteurs », affirme Arnaud Daguin. Ceux-ci seraient en train d'être payés progressivement par Cédric Naudon, mais certains employés attendent toujours.