Qu’est ce qui vous a poussé à élaborer Choco en 2018 ?
Avec mes associés (Daniel Khachab et Julian Hammer, ndlr), nous voulions créer une entreprise qui avait du sens et un impact positif à long terme. Nous nous sommes naturellement orientés vers la food, un univers passionnant mais aux effets parfois néfastes pour la planète -le réchauffement climatique, les gaz à effet de serre, l’accompagnement de l’explosion démographique mondiale etc- et parce que l’industrie, peu digitalisée, générait des pertes : le gaspillage alimentaire est le symptôme d’un manque d’optimisation de la chaîne. C'est ce que pallie Choco, un outil BtoB de commande dédié à la
restauration commerciale, qui s’adapte aux pratiques et aux besoins des professionnels.
Comment fonctionne votre solution ?
A l’origine, c'est d'abord une appli proposée aux restaurateurs pour passer commande. Beaucoup d’entre eux le font sur papier, ou via des messages sur répondeur chez leurs fournisseurs après le service du soir. Ca leur prend du temps, c'est source d’erreurs et de gaspillage alimentaire. Nous apportons des réponses sur ces points grâce à cette app, sur laquelle ils retrouvent leurs produits, leur cadencier, leurs fournisseurs, n’ont plus qu’à indiquer les quantités, le mail de commande part chez le fournisseur. Cet outil simple, ouvert en en moyenne 30 à 40 fois/jour dans le restaurant, est utilisé de manière collaborative : l’équipe du matin commence la commande, celle de l’après-midi la termine. Cette formule gratuite pour tous nous a permis d’améliorer l’appli, de nous faire connaître et apprécier des fournisseurs. Pour lesquels nous avons lancé, il y a un an, une offre premium, payante, pour ceux qui avaient envie de digitalisation. Soit ils ne savaient pas comment faire, soit ils avaient déjà créé leur propre app, mais n’en étaient pas pleinement satisfaits : une app spécifique fournisseur dépasse rarement 20-25 % d’utilisation, parce que ça n’est pas leur métier alors que c’est le nôtre, et parce qu’elle leur est propre alors que les clients, eux, ont plusieurs fournisseurs. Pour nous, peu importe qu’ils en aient une ou non, nous nous adaptons. Nous sommes alors un canal supplémentaire. J’aime bien dire ce que nous ne sommes pas : nous ne sommes pas un comparateur de prix, nous ne by-passons pas non plus les fournisseurs, nous ne sommes pas leurs concurrents : ce sont eux, nos clients.
Choco Premium repose d’abord sur l’app gratuite. Cette fois, les fournisseurs nous indiquent dans quels établissements ils veulent qu’on l’implémente : nous nous engageons à un taux d’adoption de 70 %. Ensuite, avec leur catalogue mis en ligne, actualisé en temps réel, les commandes sont directement intégrées dans leur ERP. C’est un gain de temps énorme sur la télévente, la saisie des commandes, qui peut être réalloué à la prospection, au relationnel humain, au marketing. Le fournisseur peut envoyer tout type de communication, cibler cette communication par segment (pizzerias, boulangeries etc.). Et comme, d’après ce que nous disent les fournisseurs, 5 % de leur stock est gaspillé, ils peuvent alerter leurs clients et faire une belle promotion plutôt que de jeter les produits. Dans ce sens, Choco est une opportunité pour accompagner la transition digitale, et par ricochet la transition écologique. Elle permet d’optimiser les flux avec un impact bénéfique pour l’environnement.
Combien coûte Choco Premium ?
Un pourcentage sur le chiffre d’affaires passé par Choco, c’est une garantie. Nous croyons vraiment à notre app, sa capacité à réduire de 90 % le temps de traitement des commandes, à limiter les erreurs. L’idée c’est de réduire les coûts, mieux acheter et mieux vendre, et mieux consommer enfin.
Où en êtes vous du développement ?
A Paris, quasiment un restaurant sur 3 utilise Choco, et en moyenne, ils ont plus de 3 fournisseurs Premium Choco. En dehors de la capitale, on a 4000 restaurants.
Depuis 2018, vous avez levé pas loin de 300 M€, dont 25 M€ début 2023, pour quoi faire ?
Au début, notre modèle de développement nous a coûté très cher, mais il nous a permis de proposer l’offre premium en ayant déjà une bonne base de restaurateurs, ça aide. L’objectif de ces levées de fond, désormais, c’est le recrutement et le produit, notamment pour les intégrations dans les ERP et le déploiement de nouvelles fonctionnalités. Nous avons encore beaucoup de choses à faire pour permettre aux restaurateurs et distributeurs de mieux gérer leur business. Choco, ce n’est pas un coût, l’outil s’amortit.
Vous parlez de nouvelles fonctionnalités, lesquelles ?
Nous nous concentrons sur la gestion de la commande, mais nous pourrions rajouter de nouvelles briques sur le paiement d’ici à l’année prochaine : les facilités de paiement, les garanties de paiement, les impayés… pour apporter de la valeur des deux côtés de la chaîne.
Vous êtes en France, en Allemagne, et présents dans d'autres pays ?
A Paris, nous sommes une soixantaine de collaborateurs, mais le siège principal est à Berlin, une ville internationale, un vrai hub tech qui attire des talents du monde entier. Nous y avons 250 collaborateurs, et notamment toutes nos fonctions tech. Nous sommes également présents aux Etats-Unis (50 personnes), en Angleterre (20), en Espagne (40), en Belgique. Nous y comptons une dizaine de salariés mais avec un taux de pénétration très important, que ce soit chez les restaurateurs ou les fournisseurs.
Vous comptez vous étendre géographiquement ?
Pas pour l’instant. Nous avons déjà de quoi faire pour développer l’activité dans chacune des zones. En France, par exemple, 7000 restaurateurs, c’est beaucoup et c’est peu. Nous devons continuer de croître ; nous avons passé la moitié de notre existence sous Covid, nous avons des finances solides, nous sommes contents d’être là.
Propos recueillis en juillet 2023