Détenir dans un même portefeuille, les brasseries du groupe Flo et celles du groupe Blanc : l'hypothèse semblait séduisante aux yeux de certains fonds d'investissement, mais n'a pas, au final, obtenu l'aval des propriétaires. Outre les difficultés techniques soulevées par un tel rapprochement, cette option, impliquant une vente par appartement, aurait entraîné une minoration du prix de vente global, d'où le veto des protagonistes. Au terme de deux mois de suspense, le groupe PJB a indiqué qu'il avait tranché en faveur de CDC Entreprises Capital. À l'issue des négociations, finalisées au cours du mois de décembre, l'intégralité du capital de PJB passe sous le contrôle de la filiale de la Caisse des Dépôts.
Au début d'octobre, ce scénario était pourtant loin d'être écrit. Pierre Blanc, président de PJB Holding, reconnaissait alors avoir confié un mandat à la banque Rothschild mais démentait nourrir le projet de vendre ses brasseries ou sa chaîne thématique Chez Clément et encore moins de lâcher les rênes de l'entreprise. « Nous recherchons un partenaire industriel ou financier afin d'enclencher une phase de croissance interne et externe, mais rien n'est encore arrêté. » Le PDG se disait, cependant, ouvert à toutes les éventualités, soulignant la nécessité d'un soutien institutionnel fort afin d'assurer la pérennité du groupe. Nonobstant cette déclaration, plusieurs fonds d'investissement sont rapidement montés en ligne, d'autant que, simultanément, le groupe Flo faisait savoir qu'il venait de mandater la banque HSBC en vue d'une cession.
Aux yeux des financiers, PJB se présentait sous un jour attractif. Ce petit empire parisien, bâti en une vingtaine d'années par Pierre et Jacques Blanc, prenant le relais de leur père Clément, recèle une douzaine de brasseries, bénéficiant, pour l'essentiel, d'emplacements de premier ordre.
LE GROUPE AFFICHE UNE BONNE SANTÉ
Faisant montre de dynamisme et de flair, les deux frères ont su faire fructifier leur patrimoine d'origine grâce une stratégie d'acquisitions avisées. La force du parc réside autant dans la localisation des établissements situés dans des quartiers animés que dans leur complémentarité. Autre vecteur de dynamisme, l'enseigne thématique Chez Clément voit le jour en 1993, et connaît un développement soutenu jusqu'en 2002. À cette date, le coût de l'immobilier ne cessant de grimper, PJB choisit de miser sur l'international. Le Pied de Cochon s'exporte à Mexico, avec succès, de même que L'Alsace. En novembre 2004, un troisième Pied de Cochon ouvre ses portes à Atlanta, en partenariat avec le groupe InterContinental qui envisage une autre implantation à New York.
En France, toutefois, la conjoncture économique difficile, qui touche la restauration depuis deux ans, conduit PJB à privilégier la croissance interne, en initiant la rénovation de la Lorraine, de La Taverne et de Chez Clément Opéra. Par ailleurs, au regard de l'évolution du secteur au cours de ces dernières années, qui accorde une place croissante aux financiers, Pierre Blanc, âgé de 58 ans et confronté à des problèmes de succession, a compris qu'il devenait impératif de franchir un cap décisif. Son choix en faveur de CDC Entreprises tient à « la qualité du projet d'entreprise et aux perspectives de développement proposées par ce dernier... »
De plus, il apparaît que CDC a formulé l'une des offres les plus élevées en terme de valorisation du groupe face à une dizaine de repreneurs potentiels. Dans cette configuration, la famille Blanc (Pierre, Jacques et Caroline) s'effacera de l'organigramme futur de la direction au profit de l'équipe[…]
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