S’il est bien un secteur où l’hôtellerie intégrée de chaîne a donné le la, c’est bien sur le segment économique. D’ailleurs, le parc 0 et 1 étoile est aujourd’hui presque exclusivement trusté par les grands groupes hôteliers. Pourtant, le groupement d’indépendants Sighor, Société des indépendants gestionnaires en hôtellerie-restauration, a décidé d’investir à son tour le terrain. En créant un tout nouveau concept d'hôtel qui se distingue par plus de service, davantage de surface et d’accueil pour les clients, pour un prix légèrement supérieur au segment 0-1 étoile.
Néohebdo : Pourquoi le groupement Sighor, jusqu’à présent opérateur sur aires d’autoroutes, se diversifie-t-il dans l’hôtellerie économique, un secteur déjà très occupé par les chaînes ?
Bernard Gorce : Le Sighor est un groupement d’hôteliers qui réunit aujourd’hui plus de 70 membres et qui a réalisé en 2002 un volume d’affaires de plus de 18 M€. Né en 1999, son objectif a été, face aux grands groupes de restauration existants, de proposer une alternative aux concédants pour gérer les concessions d’autoroutes et apporter une réponse locale aux attentes des voyageurs.
Fin 2002, nous étions présents sur six aires d’autoroutes, soit en direct comme sur l’aire de Masseret (A 20), soit en partenariat à 50 % avec Autogrill sur les aires des Volcans (A 71), de Varennes Changy (A 77) et de Cahors (A 77), à 60 % avec Elior sur l’aire de Solzet-Doyet (A 71) et en partenariat avec deux autres sociétés mutualistes d’indépendants, l’Inchor et la SAR, sur les aires de Sevrac (A 75) et sur la future aire des Cantarelles (A64-A55). Par ailleurs, nous venons d’être consultés sur deux autres appels d’offres. Le groupement est aussi propriétaire de la Brasserie Gergovia à Clermont-Ferrand, située dans l’ancienne gare routière.
Entré par la petite porte dans le maillage autoroutier monopolisé par les grands groupes, nous pensions qu’il ne fallait pas que le segment de l'hôtellerie économique, occupé par les chaînes, n’échappe complètement aux indépendants. C’est pourquoi nous avons créé ACE HOTEL.
Vous venez de poser la première pierre du premier ACE HOTEL à Issoire (63). Comment est né ce concept et en quoi est-il différent des produits existants ?
B. G. : Dès lors que l’idée de créer une nouvelle chaîne a été prise, nous avons souhaité monter un groupe de travail dédié à ce projet. Et pour ne négliger aucun aspect, nous nous sommes rapprochés d’un consultant spécialisé, en l’occurrence Marc Lafourcade, à l’origine de la chaîne B&B. Nous avons ensuite élaboré ensemble un concept hôtelier 1 étoile sans restaurant qui propose le confort et les services d’un 2 étoiles sur le principe de la charte régionale « Qualité Auvergne ». C’est-à-dire avec davantage de surface en chambre (19 m²), plus d’accueil et plus de services pour un prix légèrement supérieur au marché soit 34 euros. Nous avons tenu par exemple à ce que les salles de bains soient traditionnelles dans leur conception (avec sèche-cheveux), les chambres plus grandes avec plus de services comme l’écran TV de 57 cm, l’espace bureau doté de prise RJ 45 pour accéder à Internet ou encore une décoration plus personnalisée.
Quel est aujourd’hui le coût de revient d’une telle chambre et quels sont vos objectifs de développement ?
B.G. : Les trois hôtels en projet actuellement sont sur le même modèle : un établissement de 54 chambres et un appartement de fonction. L’investissement à la chambre avoisine les 27 440 K€ hors foncier et le point mort a été estimé à 68 % de taux d’occupation, pour un retour sur investissement en six ou sept ans sur la partie fonds propres.
Le premier établissement (1 M€ d’investissement) est programmé pour mai 2004 à Issoire. Sighor possède 55 % des parts avec des hôteliers locaux, la famille Hans-Rieuf, propriétaire du Logis de France Le Pariou. Le deuxième verra le jour en juin 2004 sur l’avenue de Cristal à Clermont-Ferrand, face au Cinédôme, et le troisième, à Riom (63), début 2005. Notre but est de nous implanter dans les zones hôtelières.
Après l’ouverture de ces trois premiers pilotes, nous nous accorderons quelques mois de réflexion avant de lancer, si le succès est au rendez-vous, d’autres hôtels. Quatre autres sont déjà dans les cartons.
Propos recueillis par Paul Fedèle.
pfedele@neorestauration.com