Didier Chenet, président du Groupement national des indépendants (GNI)
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Deux mois après les attentats parisiens, l'heure est aux premiers bilans pour la restauration. Fréquentation, aides d'urgence, perspectives... Le point avec Didier Chenet.
Aujourd'hui, sait-on plus précisément quel a été l'effet des attentats sur l'activité des restaurateurs ?
Les premiers chiffres, faisant état, dans la quinzaine qui a suivi les attentats, d'un recul de 30 % de l'activité dans la restauration traditionnelle parisienne, ont été depuis confirmés par nos adhérents. Décembre, qui avait bien démarré, a connu un gros passage à vide lors des fêtes, avec 30 à 40 % de visites en moins par rapport à 2014. Sur l'année 2015, la fréquentation des restaurants, déjà érodée depuis deux ans, aura enregistré à Paris une baisse de 10 à 15 % des visites. En province, où la menace est moins vivement perçue, elle résiste bien, à l'exception de Lille et de Strasbourg, où elle est en retrait.
Le GNI a réclamé des mesures d'urgence pour aider les professionnels à traverser cette période. Êtes-vous satisfait du dispositif mis en place par les services de l'État ?
Globalement, oui. La première satisfaction, c'est qu'un correspondant unique a été nommé par l'État en Île-de-France pour recevoir et orienter les demandes d'aide. Cela assure un traitement rapide des dossiers. La seconde, c'est que la plupart de nos demandes pour aider les professionnels parisiens à reconstituer de la trésorerie ont été entendues, que ce soit sur l'étalement des échéances fiscales et sociales, le report des remboursements auprès de BPI France, ou la possibilité d'un crédit de trésorerie anticipé sur le CICE*. Nous n'avons pas obtenu de mesure d'ensemble pour le secteur, les difficultés sont examinées au cas par cas. À ce jour, environ 200 dossiers sont remontés à la Direccte**, principalement sur des aménagements d'échéances. Ce qui ne veut pas dire que le reste du dispositif ne sera pas mis à contribution, ni que l'impact économique se limitera à ces 200 restaurateurs.
Quels sont les premiers retours sur ce début d'année ?
Beaucoup de nos adhérents sont arrivés au bout de leur trésorerie, et à Paris, la fréquentation des restaurants, si elle repart sur le coeur de marché, reste en recul dans le haut de gamme. Il faut se garder de conclusions à partir d'un mois de janvier traditionnellement creux, mais je ne crois pas que les difficultés soient derrière nous. Il y a beaucoup de demandes sur de l'activité partielle, rencontrant la compréhension des services de l'État, mais nous recevons aussi des questions sur des problématiques de licenciements économiques. Nous accompagnons nos restaurateurs, essayons de trouver avec eux d'autres solutions, mais je mesure chaque jour que s'ils restent combatifs, ils serrent aussi les dents.
* Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi.
** Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi.
« Beaucoup de nos adhérents sont arrivés au bout de leur trésorerie, et à Paris, la fréquentation des restaurants, si elle repart sur le coeur de marché, reste en recul dans le haut de gamme. »